Mercredi, mars 12, 2025

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Washington Post : Bezos impose un virage libertarien

Le monde médiatique américain a été secoué mercredi dernier par une annonce fracassante du propriétaire du Washington Post, Jeff Bezos. Le milliardaire fondateur d’Amazon a déclaré que la section opinion du prestigieux quotidien se concentrera désormais exclusivement sur la défense des « libertés individuelles et du libre marché ».

Cette réorientation a provoqué le départ immédiat de David Shipley, rédacteur en chef de la section des opinions, qui a préféré quitter le navire plutôt que d’adhérer à cette nouvelle ligne éditoriale. « C’est un changement considérable, ce ne sera pas facile, et cela exigera un engagement total – je respecte sa décision », a commenté Bezos dans un mémo adressé aux employés.

Cette décision marque un tournant idéologique majeur pour l’un des plus influents quotidiens américains, acquis par le fondateur d’Amazon en 2013 pour 250 millions de dollars.

Un virage libertarien ou vers le libéralisme classique?

« Je suis convaincu que le libre marché et les libertés individuelles sont bénéfiques pour l’Amérique », a déclaré Bezos dans un courriel adressé à son personnel. Le milliardaire a ajouté que ces perspectives sont « actuellement sous-représentées dans le marché des idées et des opinions ».

« Je suis de l’Amérique et pour l’Amérique, et j’en suis fier. Notre pays n’est pas arrivé ici en étant ordinaire. Et une grande partie du succès de l’Amérique repose sur la liberté dans le domaine économique et partout ailleurs. La liberté est éthique – elle minimise la coercition – et pratique – elle stimule la créativité, l’invention et la prospérité. »

Jeff Bezos

Le PDG du Washington Post, William Lewis, a tenu à préciser que cette réorientation « ne concerne pas le soutien à un parti politique en particulier », mais plutôt l’affirmation claire des « valeurs du journal ».

Bezos justifie également ce changement par l’évolution du paysage médiatique. « Il fut un temps où un journal, surtout s’il détenait un monopole local, pouvait considérer comme un service d’apporter chaque matin sur le pas de la porte du lecteur une section d’opinion large qui cherchait à couvrir tous les points de vue. Aujourd’hui, Internet remplit ce rôle », a-t-il expliqué.

Des réactions contrastées

Cette réorientation éditoriale a suscité des réactions polarisées. Certains conservateurs ont salué le changement comme le signe d’une « culture qui évolue rapidement pour le mieux ». Elon Musk, dont SpaceX est en concurrence directe avec Blue Origin de Bezos, a simplement félicité la décision sur X en déclarant : « Bravo, @JeffBezos ! »

À l’opposé, plusieurs membres du personnel du Post ont vivement critiqué cette décision. Jeff Stein, journaliste économique en chef, a qualifié cette refonte d’« empiétement significatif de Jeff Bezos dans la section des opinions ». Alors que le journaliste David Maraniss, associé au journal depuis plus de 40 ans, a publiquement déclaré qu’ils ne contribueraient plus au journal sous la propriété de Bezos.

One pernicious step after another, Bezos encroached on the Post editorial policy. Today he seized it fully. The old Washington Post is gone. I'll never write for it again as long as he's the owner.

David Maraniss (@davidmaraniss.bsky.social) 2025-02-26T15:13:16.898Z

Un rapprochement avec Trump?

Certains observateurs voient dans cette décision un signe de rapprochement entre Bezos et Donald Trump. Le propriétaire du Washington Post a assisté à l’investiture du président républicain en janvier 2025, occupant une place de choix parmi les premiers rangs.

Ce changement d’attitude est d’autant plus remarquable que les deux hommes entretenaient des relations tendues durant le premier mandat de Trump. Pourtant, lors de la dernière élection présidentielle, le Washington Post n’a pas ouvertement soutenu de candidat alors qu’auparavent ce journal soutenait le candidat démocrate, une première depuis 1988.

L’avenir du Washington Post

Reste à voir si cette nouvelle orientation permettra au Washington Post de retrouver une santé financière, alors que le journal fait face à une baisse du trafic web et des abonnements depuis plusieurs années. Une chose est certaine : le quotidien fondé en 1877 ne sera plus jamais le même.

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Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier est journaliste pour PiluleRouge.ca. Passionné de politique depuis plus de dix ans, il s'est impliqué à plusieurs reprises sur la scène provinciale. Entrepreneur en informatique, il allie rigueur journalistique et regard critique sur l’actualité. Son approche analytique et son sens de l’humour apportent une perspective unique aux sujets qu’il couvre.

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