Lundi, mars 31, 2025

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Youri Chassin rachète son âme

Un jour j’ai pensé que la Coalition Avenir Québec serait le visage du renouveau politique tant attendu. Je voyais en ce parti le reflet moderne de l’Action démocratique du Québec : un parti pragmatique de centre droit axé sur l’efficacité gouvernementale et la rigueur budgétaire tout en promouvant une approche décentralisée et moderne de la gouvernance québécoise.

Mais depuis l’année 2018 et au fil de chaque budget présenté et de chaque réforme avortée ou modifiée à plusieurs reprises m’ont amené à nourrir des incertitudes croissantes jusqu’à ce jour où mes doutes se sont dissipés complètement maintenant : la CAQ ressemble de plus en plus à un Québec solidaire déguisé ; un QS légèrement différent dans ses approches et perspectives politiques dominantes — davantage orienté vers l’interventionnisme étatique et la centralisation du pouvoir gouvernemental avec des réflexions qui tendent vers l’autoritarisme accru ; un parti qui semble avoir abandonné ses idéaux fondateurs par négligence ou par une stratégie délibérée basée sur une certaine forme de calcul politique pragmatique et peu visionnaire.

Dans ce cadre particulier s’inscrit l’intervention de Youri Chassin à l’Assemblée nationale en tant que député de Saint-Jérôme ; une intervention où émerge un souffle rare de clarté et d’authenticité au milieu d’une enceinte parlementaire souvent engourdie par des slogans convenus. Même s’il n’est plus affilié à la Coalition Avenir Québec, il demeurera fidèle à l’idéal que cette formation aurait dû incarner depuis le début. En ce sens, il ne trahit pas ses principaux engagements : il renouvelle son engagement profond.

Une alliance… de couleur orange?

Les déclarations de Chassin lors d’une conférence de presse calme, mais percutante sont claires : le gouvernement de François Legault n’a pas abandonné les anciennes méthodes bureaucratiques ; il les a renforcées davantage. Dans son analyse du dernier budget présenté par le gouvernement provincial du Québec, il critique vivement l’absence totale d’une remise en question des fonctions de l’État et souligne l’échec apparent d’une tentative préalable de révision des dépenses publiques. Chassin met en lumière la tendance préoccupante vers une approche « tout-public », qualifiée d’inefficace et coûteuse.

Dans une tournure à la fois ironique et tranchante, dès à présent, il qualifie la CAQ de Coalition d’avenir solidaire — un parti d’un bleu délavé teinte tendrement orangée — avec justesse et perspicacité : le gouvernement ralliant QS sur le sujet du logement tout en orientant ses dépenses publiques selon les souhaits des syndicats et en multipliant les mesures paternalistes à grand renfort de milliards empruntés témoigne d’une réalité où le nationalisme superficiel dissimule mal une tendance interventionniste profonde et persistante.

« On tente de réaliser toutes les tâches possibles, mais notre exécution laisse à désirer », a déclaré Chassin en résumant le bilan du deuxième mandat du gouvernement caquu.

L’énorme oubli : la discipline

Le précédent expert économiste de l’IEDM est vraiment surpris par la situation actuelle : l’année dernière le gouvernement promettait de sérieuses révisions des dépenses et cette année il n’y a aucun signe visible de cela même pas une mention discrète dans les documents du Conseil du Trésor. Il exprime une préoccupation légitime quant au possible isolement du ministre des Finances Éric Girard au sein de son propre conseil des ministres et à son incapacité à convaincre ses collègues d’effectuer un nettoyage des programmes inefficaces et des doublons institutionnels.

Et il illustre cela par des exemples pratiques et pertinents : les hôpitaux contraints d’utiliser les services d’une blanchisserie centralisée à Montréal ; les garderies où la bureaucratie administrative l’emporte sur la vocation éducative ; les fonctionnaires recrutés pour gérer des listes d’attente au lieu de soutenir directement les parents. C’est comme si nous étions dans une version 2025 selon Michel Clair : la santé publique, les CPE et les services gouvernementaux sont enlisés dans une logique figée faite de paperasse et un contrôle étatique excessif — tout sauf axé sur les résultats escomptés.

Ce n’est pas simplement une situation inchangée ; c’est un retour en arrière.

Chassin mentionne également le document fondateur de la CAQ — La Coalition pour l’avenir du Québec —, publié avant la formation du parti qui critiquait précisément ces pratiques dépassées qui nous conduisaient vers une « république du statu quo ». Selon lui, ce statu quo est maintenant confirmé et renforcé par la CAQ elle-même.

Le gouvernement actuel se contente de gérer au lieu de réformer efficacement ses politiques publiques et le résultat est décevant. Il semble même se satisfaire en augmentant les dépenses publiques sans réellement réfléchir à la pertinence des multiples programmes mis en place. Selon Chassin cependant, il y a toujours un moyen de changer cette situation. Il préconise un retour à une approche plus rationnelle axée sur la priorisation, en mettant de côté tout ce qui est superflu pour se concentrer sur l’essentiel : les soins de santé, l’éducation et le soutien direct aux citoyens.

Une voix qui s’exprime librement et qui pourrait bientôt être tout à fait en accord?

Politiquement parlant, Youri Chassin se décrit comme étant en quelque sorte isolé de son parti politique actuel, mais il reste ouvert à toutes les possibilités futures. Il accueille favorablement le potentiel retour de Martin Coiteux et la perspective de redécouvrir un débat authentique sur l’efficacité du gouvernement québécois, inspiré par les recommandations de la commission Robillard et de la commission Godbout. Il soutient vivement toute initiative sincère visant à replacer le Québec sur la voie de la discipline budgétaire, peu importent les affiliations politiques en jeu.

Il mentionne également Éric Duhaime et le Parti Québécois (PQ), ainsi qu’une course à la direction de la Coalition Avenir Québec… en somme toutes les possibilités demeurent ouvertes tant que les convictions sont solides. « Je ne suis pas lié à mon étiquette d’orphelin politique ; je suis attaché à des idées », affirme-t-il. C’est peut-être là que se trouve la grandeur de sa position actuelle.

Un plaidoyer pour la clarté

En critiquant une Coalition Avenir Québec devenue une caricature d’elle-même, Youri Chassin ne règle pas ses comptes : il nous renvoie notre propre image. Il nous rappelle ce que ce parti aurait pu incarner, et ce qu’il aurait dû maintenir. Il met en évidence le glissement progressif d’un gouvernement qui se targuait de faire différemment, mais qui finalement a opté pour le confort des anciennes pratiques, avec un soupçon de nationalisme bien pensé.

En 2025 au Québec où la dette est à son sommet et la centralisation omniprésente dans un système figé ; cette voix honnête et courageuse se fait rare, mais mérite d’être écoutée et soutenue.

Après tout et en réalité, la profondeur de l’âme de Youri Chassin n’est pas simplement rachetée par lui-même ; il souligne également la nécessité de préserver nos propres âmes. ​

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Samuel Rasmussen
Samuel Rasmussen
Samuel Rasmussen, alias Le Blond Modéré, est membre des Trois Afueras et collaborateur du podcast Ian & Frank. Titulaire d'une formation en relations internationales à l'Université de Sherbrooke, il s'intéresse particulièrement à la géopolitique, aux zones d'influence et aux différentes formes de pouvoir.

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