Vendredi, mars 14, 2025

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CABINET CARNEY 2025-2025 : UN CABINET QU’ON VOUDRAIT FLUSHER

Depuis que Mark Carney a annoncé (de manière presque théâtrale) la composition du nouveau Cabinet, une interrogation persiste : comment un ancien banquier central, réputé pour son calme apparent, en est-il venu à proposer des solutions politiques aussi classiques et convenues ? Les partisans fervents de Carney promettaient une approche managériale révolutionnaire : l’innovation tant attendue, une vision novatrice et des idées audacieuses, loin des sentiers battus. Or, il est manifeste que le gouvernement actuel se contente de réutiliser les mêmes individus et de miser sur les mêmes visages qui nous font des promesses depuis longtemps. Quant aux “stratèges” censés gagner le soutien du Québec – Steven Guilbeault, Jean-Yves Duclos, Marc Miller et Diane Lebouthillier –, ils semblent surtout là pour préserver l’image du parti libéral plutôt que pour proposer de véritables nouveautés. Je ne peux y voir qu’une nouvelle farce dans le grand théâtre du pouvoir fédéral de ce parti faussement libéral.

Les vétérans de la scène politique nationale

Tout observateur attentif de la politique canadienne remarquera rapidement le même scénario : chaque Premier ministre nomme ses “ambassadeurs québécois” pour donner l’illusion d’une forte présence francophone au sein du gouvernement. Or, dans l’équipe Carney 2025-2025, on peine à déceler un élan de renouveau en considérant, par exemple :

Steven Guilbeault, ancien militant écologiste et ex-ministre de l’Environnement, dont les slogans verts se sont heurtés à des compromis peu assumés dans le secteur pétrolier.

Jean-Yves Duclos, ancien ministre de la Santé et du Développement social, fait preuve d’une indéniable compétence économique, mais il a souvent évité de secouer réellement son propre parti.

Marc Miller, l’un des rares ministres à parler le mohawk, a voulu œuvrer à la réconciliation autochtone, mais son passage aux Services aux Autochtones semble s’être enlisé dans des négociations interminables et des mesures partielles.

Diane Lebouthillier, pour sa part, s’est fait connaître en voulant moderniser l’Agence du revenu du Canada, sans réel succès déterminant. Bien qu’elle ait travaillé d’arrache-pied dans sa circonscription en Gaspésie, la voir hériter encore d’un nouveau portefeuille renforce l’impression qu’on reproduit les mêmes schémas.

Nos “personnalités de haut niveau” ne changent pas. Du neuf ? Il faudrait une loupe pour en détecter la moindre trace…

Mark Carney : le Justin Trudeau de la finance centrale

Le nouveau premier-ministre s’est imposé comme le potentiel sauveur d’un parti libéral en perte de vitesse, un “super-héros” économique grâce à son passage à la tête de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre, renforçant ainsi son image sur la scène financière et internationale à travers des périodes difficiles, marquées notamment par les crises climatiques et financières mondiales, défis multiples auxquels font face les pays du globe. Mais si la légende paraissait alléchante au premier regard, la réalité n’est guère aussi séduisante. La “stratégie économique floue” qu’il promeut (développement durable, soutien de la classe moyenne, promotion de l’innovation) fait écho à un discours qu’on entendait déjà sous Trudeau. Les méthodes libérales traditionnelles se perpétuent, avec le même style de communication édulcorée, des promesses similaires envers le Québec et la volonté de rallier tous les électorats, ce qui ressemble fort à une reprise du script trudeauiste sous un habillage plus technique. Quant au “poids de l’héritage”, soit la gestion d’un pays encore marqué par les répercussions d’une pandémie passée et par l’endettement public, il exigerait des décisions audacieuses ; or, Carney semble préférer rassurer les marchés financiers plutôt que d’initier de profonds changements.

Les stratégies inefficaces qui provoquent notre anxiété

Le fait que Carney soit entouré des mêmes visages habituels ne serait pas un problème si des idées fortes et nouvelles émergeaient de ce groupe. Jusqu’ici, les déclarations officielles ont toutefois manqué d’audace. Sur la transition vers les énergies renouvelables, Guilbeault et Carney martèlent leur détermination écologique, mais quand il est question de réduire sensiblement les subventions aux énergies fossiles, on s’en remet à des études d’impact sur l’emploi et la croissance, repoussant ainsi les décisions audacieuses et perpétuant le soutien actuel à ce secteur. Radio-Canada du 19 février 2025). Concernant la réconciliation autochtone, Marc Miller, malgré son engagement et son aisance dans la langue mohawk, tarde à présenter les investissements promis pour les infrastructures des communautés autochtones, et le budget détaillé se fait toujours attendre. En matière de santé et de financement provincial, même si Duclos a déjà géré le dossier, le gouvernement Carney semble opter pour un énième transfert conditionnel qui risque de nourrir encore plus de tensions entre Ottawa et les provinces, plutôt que d’améliorer rapidement les soins. Par ailleurs, Carney se présente comme un grand allié du Québec, mais la nomination de Duclos, Miller, Guilbeault et Lebouthillier relève davantage d’un calcul électoral que d’un réel désir de réviser les termes du pacte fédéral, comme si distribuer quelques postes suffisait à contenter la province sans proposition marquante. En fin de compte, on ne perçoit ni plan net ni cohérence stratégique. On a plutôt l’impression de voir Carney réciter un inventaire de formules déjà connues afin de masquer un déficit criant d’originalité.

Critiquer le gouvernement Carney sans partisanerie

Avant qu’on m’accuse d’être un frustré militant pour l’opposition, je rappelle que je suis un libéral classique, attaché aux libertés individuelles, à une saine responsabilité budgétaire et au soutien de l’initiative privée, sans aucun lien avec le Parti libéral du Canada dont je déplore les récentes postures opportunistes. Pourquoi cette critique ? Parce qu’il est particulièrement décevant de voir Mark Carney, promis comme un astre capable de tout rénover, se contenter d’une manœuvre de recyclage politique. Il aurait pu se distinguer par une vision claire du fédéralisme et l’introduction de figures inédites pour revigorer la vie politique. Or, nous obtenons plutôt un “Trudeau 2.0” mâtiné d’austérité bancaire.

Y a-t-il une lueur d’espoir ?

Malgré un climat général de scepticisme, il n’est pas entièrement absurde d’espérer. La popularité initiale de Carney demeure appréciable, nombre de Canadiens lui laissant sa chance, convaincus que son expertise financière internationale pourra aider à mieux gérer la dette. Les ministres dotés d’une compétence technique, tels que Guilbeault, Duclos, Miller et Lebouthillier, n’ont certes pas toujours répondu aux attentes, mais ils n’en restent pas moins investis et expérimentés ; s’ils osent sortir de la réserve politique, nous pourrions voir poindre des réformes prometteuses, notamment en environnement et en santé. Par ailleurs, plusieurs députés libéraux nouvellement élus appellent de leurs vœux des changements tangibles susceptibles de répondre aux besoins concrets de la population ; si ces pressions internes s’intensifient, Carney sera contraint d’agir avec davantage de fermeté.

DONC : devons-nous relancer ce cabinet ou l’exiler dans les égouts

Si le titre semble provocateur, c’est parce que beaucoup ressentent une profonde déception après avoir espéré un réel renouveau. La lassitude et l’agacement montent : pourquoi soutenir encore un gouvernement qui reproduit toujours les mêmes politiques et les mêmes profils, se limitant à l’administration du quotidien ? Où est l’ambition à long terme ? À l’heure où le Québec (et tout le Canada) se confronte aux problématiques de défense nationale, aux bouleversements économiques, aux pressions sur la santé et à un besoin pressant de réconciliation, on attendait d’un nouveau gouvernement qu’il dépasse les discours convenus et les visages familiers. Mark Carney, avec son aura d’expert en économie, aurait pu être l’acteur du grand chamboulement, celui qui aurait rompu avec la timidité gouvernementale des dernières années ; jusque-là, rien n’annonce la survenue d’une ère inédite. Il lui reste cependant une courte fenêtre avant la session parlementaire estivale pour montrer que son équipe, bien que composée de figures déjà éprouvées, est prête à prendre des décisions fortes. Faute de quoi, le citoyen moyen, notamment au Québec, pourrait perdre la patience qui lui reste. Vu la tournure des événements, le Cabinet Carney 2025–2025 apparaît davantage comme la continuité de l’ère Trudeau que comme une rupture franche. Au regard des défis immenses à surmonter, on peut se demander si la meilleure solution ne serait pas, comme on dit familièrement, de le flusher.

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Samuel Rasmussen
Samuel Rasmussen
Samuel Rasmussen, alias Le Blond Modéré, est membre des Trois Afueras et collaborateur du podcast Ian & Frank. Titulaire d'une formation en relations internationales à l'Université de Sherbrooke, il s'intéresse particulièrement à la géopolitique, aux zones d'influence et aux différentes formes de pouvoir.

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