IAN SÉNÉCHAL | Le 18 février 2025, le S&P 500 a atteint un nouveau sommet historique, clôturant à 6 129,58 points. Chaque fois que l’indice phare de Wall Street atteint un record, certains investisseurs ressentent une inquiétude grandissante : est-ce le moment de vendre avant une chute brutale ? Cette peur est compréhensible, mais elle repose souvent sur une mauvaise interprétation de la nature des marchés boursiers.
Une croissance qui s’inscrit dans le temps
Les marchés boursiers, et particulièrement le S&P 500, ont historiquement suivi une tendance de croissance à long terme. Depuis 1957, l’indice a généré un rendement annuel moyen d’environ 7,68% en excluant les dividendes et 10,58% en les incluant. Ce phénomène s’explique par l’évolution naturelle des entreprises qui composent l’indice : elles innovent, augmentent leurs bénéfices et créent de la valeur pour les actionnaires.
Il est donc normal que le S&P 500 batte régulièrement des records. Ce qui est souvent perçu comme un sommet insoutenable est en réalité une continuation logique de la croissance économique et des performances des entreprises.
L’accélération des gains : une tendance normale
Un des meilleurs moyens d’illustrer cette croissance est d’observer le temps nécessaire pour franchir chaque palier de 1 000 points. Plus on avance dans le temps, plus ces paliers sont atteints rapidement :
- 1 000 points atteints en 1998 (depuis 1957 : 41 ans)
- 2 000 points en 2014 (16 ans après)
- 3 000 points en 2019 (5 ans après)
- 4 000 points en 2021 (2 ans après)
- 5 000 points en 2024 (3 ans après)
- 6 000 points en 2024 (moins d’un an après)
Cette accélération peut donner l’impression d’une bulle prête à éclater, mais en réalité, elle est mathématiquement prévisible. Un rendement composé de 10% annuellement implique que plus la base est élevée, plus les points s’accumulent rapidement. Ce qui prenait des décennies à atteindre dans les années 1900 ne prend plus que quelques années aujourd’hui. C’est ce qu’on appelle la croissance exponentielle des marchés financiers. À un rythme de 10% par année, on pourrait penser par exemple que dans 30 ans le S&P 500 dépasserait la barre des 100 000 points.
L’évolution des entreprises du S&P 500
Il est aussi important de noter que la composition du S&P 500 évolue au fil du temps. De nombreuses entreprises qui faisaient partie de l’indice en 1980 n’y sont plus aujourd’hui. De nouvelles entreprises émergent et remplacent celles qui ne parviennent plus à suivre la croissance du marché. Par exemple, il a bien fallu faire de la place à Tesla lorsqu’elle est entrée dans l’indice en 2020. Cette évolution naturelle garantit que le S&P 500 reflète en permanence les entreprises les plus performantes et les plus prometteuses de l’économie.
Battre un record ne signifie pas qu’une chute est imminente
L’erreur que commettent de nombreux investisseurs est de croire que chaque record marque la fin d’un cycle de croissance. Pourtant, si l’on regarde l’histoire des marchés, les records passés n’ont pas été des signaux de vente, mais bien des étapes vers de nouveaux sommets.
Bien sûr, il y aura toujours des corrections et des périodes de volatilité. Mais ceux qui tentent de « timer » le marché en vendant après un record risquent surtout de manquer les gains futurs. Un investisseur qui aurait vendu au premier passage au-dessus de 1 000 points en 1998 et attendu une correction pour revenir aurait manqué une multiplication spectaculaire de son capital.
Investir, c’est penser long terme
La meilleure stratégie pour la majorité des investisseurs reste donc simple : rester investi, réinvestir les dividendes et profiter de la croissance des marchés sur plusieurs décennies. Les records ne sont pas des avertissements de chute, mais simplement le reflet d’une tendance haussière à long terme.
Le S&P 500 à 6 000 points n’est pas une fin en soi. Si l’histoire des marchés nous enseigne quelque chose, c’est que de nouveaux records seront encore battus dans les années à venir.
